Culture TeKno
"RAVE PARTY SAUVAGE EN BRETAGNE, LA GENDARMERIE SAISIT LE MATERIEL DE SONO ET DES STUPEFIANTS"
C'est la couverture média la plus classique accordée à l'expression de la culture techno dans sa forme la plus underground : la Free Party. Pour la population comme pour les pouvoirs publics, ces soirées gratuites sont d'abord une nuisance.
Méconnue, cette culture a pourtant de nombreux aspects positifs. Les jeunes des Sound System (groupes informels de musiciens et de passionés qui organisent des soirées gratuites avec leur propre équipement! font preuve d'une créativité et d'un dynamisme extraordinaire.
S'organiser pour acheter une sono, apprendre à s'en servir, faire de la musique, monter des spectacles bénévolement, est révélateur d'une attitude positive envers la société. S'enlraider. mettre en commun moyens et expériences pour récupérer et recycler du matériel, est plutôt rare dans une société où la consommation et l'individualisme priment.
Loin du cliché du Sound System dealer, les trafiquants qui se mêlent au public sont mal vus dans un millieu qui refuse le profit et paie les pots cassés de ces profiteurs de fête.
Cette vision idyllique de la Free Party se heurte pourtant à la réalité des faits : occupations illégales de terrains, tapages nocturnes, dégradations ou trafics de stupéfiants sont avérés. Mais plutôt que de stigmatiser leurs défauts, mieux vaudrait aider les Sound System français à les corriger en leur donnant une place dans le paysage culturel
. L'amendement Marianni à la loi de Sécurité Quotidienne de 2002 el les circulaires qui l'explicitent vont dans ce sens. Elles autorisent les rassemblements de moins de 250 personnes sans déclaration et pour les plus gras événements, elles posent le cadre d'un régime déclaratif simplifié et facile d'accès en apparence.
Cependant le nombre de soirées est en chute libre depuis 2002 et n'en subsistent Que deux types : celles de moins de 250 personnes, avec les problèmes que pose la dispersion des publics en terme de sécurité et les technivals. méga-rassemblements de plusieurs jours qui, viclimes de la pénurie de soirées, prennent une ampleur démesurée 150 à 100 000 personnes). Entre les deux, plus rien ou presque.
Alors que la loi s'est adaptée, pourquoi reste-t-on dans une situation de blocage ?
La principale raison vient du manque de lieux mis à disposition. Peu de privés souhaitent prêter
ou louer leur terrain, et les colleclivités locales sont souvent effrayées par la responsabilité en cas
d'incident. Le flou de la loi et la peur des retombées les paralysent. Cette crise perdure malgré un cadre juridique tolérant et des jeunes motivés. Pourtant des solutions son! à portée de main : renouer le dialogue, rencontrer (es groupes actits, créer des projets enrichissants à la fois pour eux et pour la communauté.
Il faut aussi s'engager et leur donner les moyens de s'exprimer. Terrains de sport, campings municipaux, espaces verts, friches industrielles sont autant de lieux que les jeunes peuvent investir temporairement. En concertalion avec les services de sécurité, les bénévoles peuvent organiser à moindre coûl des manifestations gratuites d un contenu artistique novateur et créatif. Depuis la loi de 2002, les préfets ont été formés pour prêter une oreille attentive à ces demandes. La jeunesse n'altend plus que les espaces pour s'exprimer. Créer des passerelles entre les Sound Systems et les aulres acieurs locaux via les services culturels, mettre en forme des pro|els dynamisants, redonner aux jeunes le goût delà citoyenneté en valorisant leur pratique amateur, ce sont les véritables enjeux d'une politique culturelle où les collectivités locales onl un rôle à jouer.
Samuel Raymond
Texte tiré du magazine N°2 TOHU BOHU